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"Passage entre interdit et tabou"
7 février 2012 - 16 heures à 18 heures
Philippe Vienne - l'Université de Mons
MISHA - salle de conférence
Abstract
Dans cette communication, je me propose de revenir sur les « liaisons dangereuses » établies depuis longtemps entre les deux notions de « tabou » et d’ « interdit ». La première notion (tapu), décontextualisée de son origine polynésienne, a connu une fortune populaire et une forme de banalisation dans le sens commun qui peut rendre très malaisé aujourd’hui la volonté d’en faire un domaine d’étude spécialisé, même si la notion est plus ou moins restée en usage dans cette discipline. La seconde, l’interdit (avoidance), plus organisée dans la littérature anthropologique, moins vulgarisée, n’en échappe pas pour autant à certaines ambiguïtés. Il paraît intéressant de croiser à cet égard les travaux de Luc de Heusch sur la notion d’interdit, où il enjoint à évacuer la notion de tabou, notamment en raison de son utilisation par Freud, et les travaux de Norbert Elias engageant au croisement entre sociogenèse et psychogenèse une réflexion sur la notion de tabou en partie inspirée par les travaux de Freud. La disqualification éventuelle, sur le plan anthropologique, de la notion galvaudée de tabou ne devrait pas évacuer pour autant toute la réflexion à engager, entre sociologie, histoire et psychologie, notamment autour de la socialisation primaire comme intériorisation et « définition de la situation », sur l’irruption du social dans l’individu, la genèse des sentiments de répugnance, de pudeur, de gêne et de honte (avec à la clé la notion de névrose), et même plus largement sur les représentations collectives, notamment dans le domaine de la sexualité, où la notion de « tabou », même vague, désigne encore un territoire d’analyse si bien exploré par Elias.
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